Gardarem (création 2017)

Une pièce inspirée de la lutte du Larzac (années 1971 à 1981)

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Egoïsme. Violence. Rejet.

Il n’est pas rare de voir l’intérêt particulier prévaloir sur l’intérêt commun. Toutefois, et l’histoire du Larzac nous le montre, pour une cause plus grande qu’eux, les Hommes peuvent se fédérer et regarder dans la même direction.

Ce qui nous a fasciné dans cette aventure est la capacité que ces hommes et ces femmes ont révélé de passer outre leur confort de vie, leurs préjugés, leurs certitudes dès lors qu’ils se sont mis au service d’un idéal commun.

Captation à la manufacture des Abesses (paris), novembre 2017

Comment le « je » est-il devenu un « nous » ?

C’est pour répondre à cette question que nous sommes allés à la rencontre de cette histoire.

En 1971, le ministre de la Défense, Michel Debré, fait une annonce à la télévision : le camp militaire du Larzac, qui s’étend à l’époque sur 3000 ha, va être élargi à 17 000 ha.

Cent-trois paysans doivent fermer boutique et partir.

Ils sont chassés de leurs terres sur une décision arbitraire : le Larzac n’étant qu’une « terre désertique où ne vivent que quelques petits paysans de manière plus ou moins moyenâgeuse ».

Pendant 10 ans, ces hommes et femmes, pourtant de tradition politique plutôt conservatrice, vont mener une lutte de longue haleine contre l’Etat. Lutte qui va prendre des proportions colossales, puisqu’elle reçoit le concours de militants venus de la France entière, et même de certains pays limitrophes. Elle réunit une véritable « foule », aux intérêts en apparence bien distincts – mouvement antimilitariste, Occitans, communauté gay, mouvements de contestation étudiants, etc. -, et ce sous la bannière de la non violence.

Par ce mouvement de révolte, les paysans du Larzac se battent, non pas avec des canons, mais avec la force des symboles et de l’imaginaire.

« Des moutons, pas des canons »

Le slogan annonce la couleur.

Au fil des années, cette histoire prend l’ampleur d’une véritable épopée.

En luttant aux cotés de ces différents acteurs, les paysans du Larzac se sont aussi ouvert à des modes de vie nouveaux. Des modes de vies qu’ils critiquaient, qu’ils ne comprenaient pas. Les étudiants et ouvriers sont très éloignés de leur monde, et les paysans de souche (les « purs porcs » comme ils se désignent eux-mêmes) ne regardent pas d’un très bon œil les « hippies », arrivés sur le Larzac quelques années auparavant, dans les années 60.

Comment, malgré cette diversité de revendications, sont-ils parvenus à faire exister une telle machine sociale pendant si longtemps? Et comment cette machine a-t-elle transformé ses propres acteurs ?

Nous ne conterons pas ici l’histoire du Larzac. Nous voulons nous raconter nous, aujourd’hui, au travers de ces expériences vécues il y a déjà quarante ans. C’est en nous basant sur leur histoire, et en la réécrivant que nous pouvons nous interroger sur l’humain, et sur ce qu’il est capable d’entreprendre.

Une pièce librement inspirée de la lutte …

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La lutte du Larzac est un point de départ à l’écriture de la pièce « Gardarem ». Nous en tirons des images fortes qui nous parlent de notre actualité de manière frappante.

Nous voulons parler de toutes les luttes pour lesquelles des hommes se sont surpassés. La réécriture d’une lutte pour parler de toutes. Aucun nom réel n’est cité. Des personnages historiques sont présents, des lieux sont évoqués, mais tous ont changé d’identité. Ce n’est pas une histoire que nous racontons, c’est un sentiment de révolte que nous reconstruisons.

Nous avons écrit la pièce en six mois, en nous basant sur de multiples lectures, visionnages de films, recherches d’archives, et surtout sur une enquête menée sur le plateau du Larzac auprès des acteurs historiques de la lutte. C’est grâce à ces discutions, repas, soirées passées avec eux que nous avons pris conscience de l’humanité de cette lutte, et de ce qu’elle a d’universel et d’intemporel.

Un espace en constante évolution

La lutte, comme le jeu, est un concept collectif, chacun apportant sa pierre à l’édifice. Les comédiens construisent et déconstruisent. Ils déplacent au fil du spectacle un décor simple, composé de 20 cubes de bois, qui deviennent tantôt estrade, tantôt bergerie, tantôt tribunal. Cette structure va se transformer, et à partir d’une base simple va se complexifier pour faire exister un espace de plus en plus large et de plus en plus déconstruit. Explosion dans l’espace, qui raconte une explosion de vie.

La musique au centre du jeu

La machine sociale devient une machine rythmique. Dans un groupe où chaque musicien suit sa petite partition, le singulier n’est pas grand chose. L’unisson par contre, la rythmique et la polyphonie du groupe est ce qui nous atteint, en tant que public, de manière épidermique. C’est en suivant ce fil rouge que nous racontons l’histoire de cette « machine » du Larzac.

Brunelle LEMONNIER

Graphisme Franck Watel. Un très grand merci !

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Captation à la manufacture des Abesses (paris), novembre 2017